Le ciel était couleur de sang Et, se levant à l’horizon, Le soleil semblait être blanc Je ne sais plus bien la saison Pourtant, je m’en souviens très bien Tout comme si c’était hier Je les ai vus venir de loin Les oiseaux volaient à l’envers
Je devais t’emmener au bal Ton père n’avait pas voulu Je n’étais pas son idéal Je n’étais pas le bienvenu J’étais revenu par les bois Le ciel était déchiré d’orages Et je les ai vus devant moi Les oiseaux volaient à l’envers
Depuis, les choses ont changé La mémoire se joue de nous Pourtant, je ne n’ai rien oublié De cette nuit, des oiseaux fous Je revois souvent ce jour-là Tout comme si c’était hier Ils me tourmentent, ils sont là Les oiseaux volaient à l’envers
Le ciel devient couleur de sang Je vois devant moi l’horizon Le soleil me semble être blanc J’oublie le jour et la saison Mes yeux sont brouillés par la pluie Et mes mains tremblent de colère Le jour, soudain, devient la nuit Les oiseaux volaient à l’envers
Parler aux anges Pierre Vassiliu
Ne soyez pas si cruels avec les anges
N’attendez pas qu’ils appellent
Ça les dérange
Une main sur les épaules
Vous sentez bien qu’ils vous frôlent
Mais vous n’osez c’est étrange
Parler aux anges
Une main sur les épaules
Vous sentez bien qu’ils vous frôlent
Mais vous n’osez c’est étrange
Parler aux anges
Et toi tu sembles bien lasse
De mes discours
Mais si une autre main t’enlace
Mon amour
Je la roulerai dans la fange
Et j’attendrai que mon ange
S’il se trouve sur mon parcours
Accours
Je la roulerai dans la fange
Et j’attendrai que mon ange
S’il se trouve sur mon parcours
Accours
J’ai du jouer mon âme au diable
Pour toujours
Parfois mon autre m’accable
Et je savoure
De le jeter de ma table
Mais aussitôt il revient
Et il pose alors sa main
Aimable
De le jeter de ma table
Mais aussitôt il revient
Et il pose alors sa main
Aimable
Mais quoi faire ou ne pas faire
Pour vivre libre
Je n’ai pas voulu prier
Pour qu’on me délivre
Mais quand on nous a tout pris
Liberté n’a pas de prix
Z’ont bon dos les rimes en ange
Mais je me venge
Mais quand on nous a tout pris
Liberté n’a pas de prix
Z’ont bon dos les rimes en ange
On s’en arrange Paroliers : Pierre Vassiliu
Il a tourné sa vie dans tous les sens Pour savoir si ça avait un sens l’existence Il a demandé leur avis à des tas de gens ravis Ravis, de donner leur avis sur la vie Il a traversé les vapeurs des derviches tourneurs Des haschich fumeurs et il a dit La vie ne vaut rien, rien, la vie ne vaut rien Mais moi quand je tiens, tiens, mais moi quand je tiens Là dans mes deux mains éblouies, Les deux jolis petits seins de mon amie, Là je dis rien, rien, rien, rien ne vaut la vie. Il a vu l’espace qui passe Entre la jet set les fastes, les palaces Et puis les techniciens de surface, D’autres espèrent dans les clochers, les monastères Voir le vieux sergent pépère mais ce n’est que Richard Gere, Il est entré comme un insecte sur site d’Internet Voir les gens des sectes et il a dit La vie ne vaut rien, rien, la vie ne vaut rien Mais moi quand je tiens, tiens, mais moi quand je tiens Là dans mes deux mains éblouies, Les deux jolis petits seins de mon amie, Là je dis rien, rien, rien, rien ne vaut la vie. Il a vu manque d’amour, manque d’argent Comme la vie c’est détergeant Et comme ça nettoie les gens, Il a joué jeux interdit pour des amis endormis, la nostalgie Et il a dit La vie ne vaut rien, rien, la vie ne vaut rien Mais moi quand je tiens, tiens, mais moi quand je tiens Là dans mes deux mains éblouies, Les deux jolis petits seins de mon amie, Là je dis rien, rien, rien, rien ne vaut la vie. Rien, rien, rien, rien ne vaut la vie Rien, rien, rien, rien ne vaut la vie
Je vivais à l’écart de la place publique,
Serein, contemplatif, ténébreux, bucolique…
Refusant d’acquitter la rançon de la gloir’,
Sur mon brin de laurier je dormais comme un loir.
Les gens de bon conseil ont su me fair’ comprendre
Qu’à l’homme de la ru’ j’avais des compt’s à rendre
Et que, sous peine de choir dans un oubli complet,
J’ devais mettre au grand jour tous mes petits secrets.
Trompettes
De la Renommée,
Vous êtes
Bien mal embouchées !
Manquant à la pudeur la plus élémentaire,
Dois-je, pour les besoins d’ la caus’ publicitaire,
Divulguer avec qui, et dans quell’ position
Je plonge dans le stupre et la fornication ?
Si je publi’ des noms, combien de Pénélopes
Passeront illico pour de fieffé’s salopes,
Combien de bons amis me r’gard’ront de travers,
Combien je recevrai de coups de revolver !
A toute exhibition, ma nature est rétive,
Souffrant d’un’ modesti’ quasiment maladive,
Je ne fais voir mes organes procréateurs
A personne, excepté mes femm’s et mes docteurs.
Dois-je, pour défrayer la chroniqu’ des scandales,
Battre l’ tambour avec mes parti’s génitales,
Dois-je les arborer plus ostensiblement,
Comme un enfant de ch?ur porte un saint sacrement ?
Une femme du monde, et qui souvent me laisse
Fair’ mes quat’ voluptés dans ses quartiers d’ noblesse,
M’a sournois’ment passé, sur son divan de soi’,
Des parasit’s du plus bas étage qui soit…
Sous prétexte de bruit, sous couleur de réclame,
Ai-j’ le droit de ternir l’honneur de cette dame
En criant sur les toits, et sur l’air des lampions :
» Madame la marquis’ m’a foutu des morpions ! » ?
Le ciel en soit loué, je vis en bonne entente
Avec le Pèr’ Duval, la calotte chantante,
Lui, le catéchumène, et moi, l’énergumèn’,
Il me laisse dire merd’, je lui laiss’ dire amen,
En accord avec lui, dois-je écrir’ dans la presse
Qu’un soir je l’ai surpris aux genoux d’ ma maîtresse,
Chantant la mélopé’ d’une voix qui susurre,
Tandis qu’ell’ lui cherchait des poux dans la tonsure ?
Avec qui, ventrebleu ! faut-il que je couche
Pour fair’ parler un peu la déesse aux cent bouches ?
Faut-il qu’un’ femme célèbre, une étoile, une star,
Vienn’ prendre entre mes bras la plac’ de ma guitar’ ?
Pour exciter le peuple et les folliculaires,
Qui’est-c’ qui veut me prêter sa croupe populaire,
Qui’est-c’ qui veut m’ laisser faire, in naturalibus,
Un p’tit peu d’alpinism’ sur son mont de Vénus ?
Sonneraient-ell’s plus fort, ces divines trompettes,
Si, comm’ tout un chacun, j’étais un peu tapette,
Si je me déhanchais comme une demoiselle
Et prenais tout à coup des allur’s de gazelle ?
Mais je ne sache pas qu’ça profite à ces drôles
De jouer le jeu d’ l’amour en inversant les rôles,
Qu’ça confère à ma gloire un’ onc’ de plus-valu’,
Le crim’ pédérastique, aujourd’hui, ne pai’ plus.
Après c’tour d’horizon des mille et un’ recettes
Qui vous val’nt à coup sûr les honneurs des gazettes,
J’aime mieux m’en tenir à ma premièr’ façon
Et me gratter le ventre en chantant des chansons.
Si le public en veut, je les sors dare-dare,
S’il n’en veut pas je les remets dans ma guitare.
Refusant d’acquitter la rançon de la gloir’,
Sur mon brin de laurier je m’endors comme un loir. Georges Charles Brassens
Au bois de mon coeur Georges Brassens
Au bois d’Clamart y a des petit’s fleurs
Y a des petit’s fleurs
Y a des copains au, au bois d’mon cœur
Au, au bois d’mon cœur
Au fond de ma cour j’suis renommé
J’suis renommé
Pour avoir le cœur mal famé
Le cœur mal famé
Au bois d’Vincenn’s y a des petit’s fleurs
Y a des petit’s fleurs
Y a des copains au, au bois d’mon cœur
Au, au bois d’mon cœur
Quand y a plus d’vin dans mon tonneau
Dans mon tonneau
Ils n’ont pas peur de boir’ mon eau
De boire mon eau
Au bois d’Meudon y a des petit’s fleurs
Y a des petit’s fleurs
Y a des copains au, au bois d’mon cœur
Au, au bois d’mon cœur
Ils m’accompagn’nt à la mairie
A la mairie
Chaque fois que je me marie
Que je me marie
Au bois d’Saint-Cloud y a des petit’s fleurs
Y a des petit’s fleurs
Y a des copains au, au bois d’mon cœur
Au, au bois d’mon cœur
Chaqu’ fois qu’je meurs fidèlement
Fidèlement
Ils suivent mon enterrement
Mon enterrement
…des petites fleurs…
Au, au bois d’mon cœur…
Supplique pour être enterré à la plage de Sète. La Camarde qui ne m’a jamais pardonné D´avoir semé des fleurs dans les trous de son nez Me poursuit d’un zèle imbécile Alors cerné de près par les enterrements J´ai cru bon de remettre à jour mon testament De me payer un codicille Trempe dans l’encre bleue du Golfe du Lion Trempe, trempe ta plume, à mon vieux tabellion Et de ta plus belle écriture Note ce qu’il faudra qu’il advint de mon corps Lorsque mon âme et lui ne seront plus d’accord Que sur un seul point, la rupture Quand mon âme aura pris son vol à l’horizon Vers celle de Gavroche et de Mimi Pinson Celles des titis, des grisettes Que vers le sol natal mon corps soit ramené Dans un sleeping du Paris-Méditerranée Terminus en gare de Sète Mon caveau de famille, hélas! n’est pas tout neuf Vulgairement parlant, il est plein comme un œuf Et d’ici que quelqu’un n’en sorte Il risque de se faire tard et je ne peux Dire à ces braves gens, poussez-vous donc un peu Place aux jeunes en quelque sorte Juste au bord de la mer à deux pas des flots bleus Creusez si c’est possible un petit trou moelleux Une bonne petite niche Auprès de mes amis d’enfance, les dauphins Le long de cette grève où le sable est si fin Sur la plage de la corniche C’est une plage où même à ses moments furieux Neptune ne se prend jamais trop au sérieux Où quand un bateau fait naufrage Le capitaine crie « Je suis le maître à bord! Sauve qui peut, le vin et le pastis d’abord Chacun sa bonbonne et courage » Oh, et c’est là que jadis à quinze ans révolus A l’âge où s’amuser tout seul ne suffit plus Je connu la prime amourette Auprès d’une sirène, une femme-poisson J’ai reçu de l’amour la première leçon Avalait la première arête Déférence gardée envers Paul Valéry Moi l’humble troubadour sur lui je renchéris Le bon maître me le pardonne Et qu’au moins si ses vers valent mieux que les miens Mon cimetière soit plus marin que le sien N’en déplaise aux autochtones Cette tombe en sandwich entre le ciel et l’eau Ne donnera pas une ombre triste au tableau Mais un charme indéfinissable Les baigneuses s’en serviront de paravent Pour changer de tenue et les petits enfants Diront, chouette, un château de sable! Est-ce trop demander, sur mon petit lopin Planter, je vous en prie une espèce de pin Pin parasol de préférence Qui saura prémunir contre l´insolation Les bons amis venus faire sur ma concession D’affectueuses révérences Tantôt venant d’Espagne, tantôt d’Italie Tous chargés de parfums, de musiques jolies Le Mistral, la Tramontane Sur mon dernier sommeil verseront les échos De villanelle, un jour, un jour de fandango De tarentelle, de sardane Et quand prenant ma butte en guise d’oreiller Une ondine viendra gentiment sommeiller Avec moins que rien de costume J’en demande pardon par avance à Jésus Si l’ombre de sa croix s’y couche un peu dessus Pour un petit bonheur posthume Pauvres rois pharaons, pauvre Napoléon Pauvres grands disparus gisant au Panthéon Pauvres cendres de conséquence Vous envierez un peu l’éternel estivant Qui fait du pédalo sur la vague en rêvant Qui passe sa mort en vacances Georges Brassens