Serge Reggiani – La Vie C’est Comme Une Dent
Antonia Pozzi – Cri
Ne pas avoir de Dieu
ne pas avoir de tombe
ne rien avoir de fixe
mais que des choses vives qui échappent
être sans passé
être sans futur
et s’aveugler dans le néant –
à l’aide –
pour la misère
qui n’a pas de fin –
Antonia Pozzi (Milan, Italie 1912–1938) – Mots (Parole, 1939) Peter Lang Editeur (2010) – Traduit de l’italien par Ettore Labbate – – Translated by A. Iacovoni
POLO & PAN – Canopée
POLO & PAN – Canopée
Histoire improbable de la fantaisie
Proche de l’équateur à un point précis
Latitude 500 longitude 36
Au cœur de la forêt à cette interstice
Dans ta tenue d’Ève verdoyante
Tu étais d’une beauté étourdissante
Des oiseaux nous chantaient leur mélopée
Et nous vivions heureux dans la canopée
Jungle sauvage ouvre tes bras
Il en faut peu pour toi et moi
Prenons racine dans les bois
Enfants naïfs ou hors-la-loi
Les quilles plantées dans un ruisseau
Écoute chanter ce drôle d’oiseau
Il nous invite un peu plus haut
À partager nos idéaux
Histoire mémorable d’une rêverie
Que nous vivions ensemble en Amazonie
Un retour aux sources, vie sans artifices
A deux dans la forêt loin des maléfices
Dans la torpeur noire et luxuriante
D’une jungle aux lianes exubérantes
Les arbres millénaires nous ont adoptés
Et nous vivions heureux dans la canopée
Jungle sauvage ouvre tes bras
Il en faut peu pour toi et moi
Prenons racine dans les bois
Enfants naïfs ou hors-la-loi
Les quilles plantées dans un ruisseau
Écoute chanter ce drôle d’oiseau
Il nous invite un peu plus haut
À partager nos idéaux
Françoiz Breut – La Danse des Ombres
Hélène Cadou – Pour apprivoiser l’ombre…
Hélène Cadou – Pour apprivoiser l’ombre…
Pour apprivoiser l’ombre
Il me suffit d’un arbre
Pour approuver le vent
Il me suffit d’une herbe
D’un souvenir
Pour que le ciel s’éclaire
De ton regard
Pour donner un sens au monde.
Hélène Cadou (1922-2014) – Retour à l’été (1993)
La petite cloche de Barles
Etienne Daho – Sur Mon Cou
En 2001, lors du « Tour de l’été sans fin », Etienne Daho interprète « Sur mon cou », la mise en musique par Hélène Martin d’un poème de Jean Genet.
Le condamné à mort
Sur mon cou sans armure et sans haine, mon cou
Que ma main plus lègère et grave qu’une veuve
Effleure sous mon col, sans que ton cur s’émeuve,
Laisse tes dents poser leur sourire de loup.
Ô viens mon beau soleil, ô viens ma nuit d’Espagne
Arrive dans mes yeux qui seront morts demain.
Arrive, ouvre ma porte, apporte-moi ta main
Mène-moi loin d’ici battre notre campagne.
Le ciel peut s’éveiller, les étoiles fleurir,
Ni les fleurs soupirer, et des près l’herbe noire
Accueillir la rosée où le matin va boire,
Le clocher peut sonner : moi seul je vais mourir.
Ô viens mon ciel de rose, ô ma corbeille blonde !
Visite dans sa nuit ton condamné à mort.
Arrache-toi la chair, tue, escalade, mords,
Mais viens ! Pose ta joue contre ma tête ronde.
Nous n’avions pas fini de nous parler d’amour.
Nous n’avions pas fini de fumer nos gitanes.
On peut se demander pourquoi les Cours condamnent
Un assassin si beau qu’il fait pâlir le jour.
Amour viens sur ma bouche ! Amour ouvre tes portes !
Traverse les couloirs, descends, marche léger,
Vole dans l’escalier plus souple qu’un berger,
Plus soutenu par l’air qu’un vol de feuilles mortes.
Ô traverse les murs, s’il le faut marche au bord
Des toits, des océans, couvre-toi de lumière,
Use de la menace, use de la prière,
Mais viens, ô ma frégate, une heure avant ma mort.
Alain Bashung – Est-ce aimer
Est-ce Aimer
Alain Bashung
s’il suffisait de partir
comme un voleur à la tire
rejoindre là-bas
les troupeaux de regrets
s’il suffisait de s’offrir
au premier volcan venu
est-ce aimer
est-ce aimer
est-ce une escale
en mer Égée
est-ce un essaim d’abeilles
au réveil
s’il suffisait d’orner la douleur
d’une plage de silence
j’ai pas souffert
j’ai pas suffi
là où la rouille n’a que faire
de la mélancolie
toi aussi tu te noieras
dans ce désert imbuvable
toi aussi tu te perdras
dans de beaux draps
s’il suffisait
de se refaire une beauté
pour retrouver grâce à tes yeux
s’il suffisait de se défaire
s’il suffisait de disparaître
est-ce aimer
est-ce aimer
est-ce aimer
est-ce aimer
s’il suffisait
d’abolir les écorchures
la peine qu’on se donne pour tenir
une à une triomphent les ruines
est-ce aimer
toi aussi
tu trembleras
sous la canicule
varans sauriens
n’en savent rien
est-ce aimer
est-ce aimer
est-ce aimer
est-ce aimer
est-ce aimer
est-ce une escale
en mer Égée
est-ce un essaim d’abeilles
au réveil
s’il suffisait de croire
les dessous des balançoires




































