Rien ne dit
dans le chant de la cigale
qu’elle est près de sa fin
Basho
Partages d'un bas alpin
Rien ne dit
dans le chant de la cigale
qu’elle est près de sa fin
Basho
Je suis mort parce que je n’ai pas le désir,
Je n’ai pas le désir parce que je crois posséder,
Je crois posséder parce que je n’essaye pas de donner ;
Essayant de donner, on voit qu’on n’a rien,
Voyant qu’on n’a rien, on essaye de se donner,
Essayant de se donner, on voit qu’on n’est rien,
Voyant qu’on est rien, on désire devenir,
Désirant devenir, on vit.
René Daumal (1908-1944) – Mai 1943
Elles vont bientôt mourir
Les cigales: on ne s’en douterait pas
Lorsqu’on les écoute.
Bashô
Rien n'est précaire comme vivre Rien comme être n'est passager C'est un peu fondre comme le givre Et pour le vent être léger J'arrive où je suis étranger Un jour tu passes la frontière D'où viens-tu mais où vas-tu donc Demain qu'importe et qu'importe hier Le coeur change avec le chardon Tout est sans rime ni pardon Passe ton doigt là sur ta tempe Touche l'enfance de tes yeux Mieux vaut laisser basses les lampes La nuit plus longtemps nous va mieux C'est le grand jour qui se fait vieux Les arbres sont beaux en automne Mais l'enfant qu'est-il devenu Je me regarde et je m'étonne De ce voyageur inconnu De son visage et ses pieds nus Peu a peu tu te fais silence Mais pas assez vite pourtant Pour ne sentir ta dissemblance Et sur le toi-même d'antan Tomber la poussière du temps C'est long vieillir au bout du compte Le sable en fuit entre nos doigts C'est comme une eau froide qui monte C'est comme une honte qui croît Un cuir à crier qu'on corroie C'est long d'être un homme une chose C'est long de renoncer à tout Et sens-tu les métamorphoses Qui se font au-dedans de nous Lentement plier nos genoux O mer amère ô mer profonde Quelle est l'heure de tes marées Combien faut-il d'années-secondes A l'homme pour l'homme abjurer Pourquoi pourquoi ces simagrées Rien n'est précaire comme vivre Rien comme être n'est passager C'est un peu fondre comme le givre Et pour le vent être léger J'arrive où je suis étranger Louis Aragon
Article très intéressant de Marianne qui recoupe beaucoup d’évidences…
Dans ce pays, sur ce haut plateau, comme partout, des hommes ont vécu sont morts. Ils ont, comme nous, travaillé, aimé, souffert, joué, parlé, chanté, enfanté et donné le plus intense de leur vie à cette terre. Leurs traces sont bien visibles : champs, ruines, maisons, chemins, mûrs, arbres, vestiges d’instruments agricoles, bornes, églises. J’aime à marcher en imaginant ces générations qui ont foulé les mêmes chemins, qui les ont travaillés.
On se retrouvait de temps en temps, à l’église, à l’école, chez l’un chez l’autre, et au marché bien sûr. A Digne, ville de marché, entre autres, mais aussi de tribunal. Digne niché à la limite entre Provence et montagne. Digne à l’abris des vents dans son écrin de collines, Digne confluent de trois rivières drainant avec gourmandise les eaux des montagnes environnantes.