Et maintenant…….

Et maintenant que vais-je faire
De tout ce temps que sera ma vie
De tous ces gens qui m´indiffèrent
Maintenant que tu es partie
Toutes ces nuits, pourquoi pour qui
Et ce matin qui revient pour rien
Ce cœur qui bat, pour qui, pourquoi
Qui bat trop fort, trop fort
Et maintenant que vais-je faire
Vers quel néant glissera ma vie
Tu m´as laissé la terre entière
Mais la terre sans toi c´est petit
Vous, mes amis, soyez gentils
Vous savez bien que l´on n´y peut rien
Même Paris crève d´ennui
Toutes ses rues me tuent
Et maintenant que vais-je faire
Je vais en rire pour ne plus pleurer
Je vais brûler des nuits entières
Au matin je te haïrai
Et puis un soir dans mon miroir
Je verrai bien la fin du chemin
Pas une fleur et pas de pleurs
Au moment de l´adieu
Je n´ai vraiment plus rien à faire
Je n´ai vraiment plus rien…
Gilbert Bécaud

La mer rouge

Artiste: Gérard Manset
Titre: La Mer Rouge
Parole de La Mer Rouge:
Si tu t’ retournes dans ta tombe,
T’entends la monnaie qui tombe.
Mon pauvre Henri, mon vieil Alfred,
Mon pauvre Henri, mon Fred,
Où tu pêchais les perles de nacre
On trouve des vieux clopes,
Des pneus Dunlop.
Y’en a qui font la Mer Rouge en stop.
Au fond des volcans, plus de lave.
Au fond des barques, plus d’esclaves.
Où tu pêchais les perles roses
Du soir au matin, y a les jets qui s’ posent
Au milieu des massifs qu’on arrose.
Mon pauvre Henri, mon vieil Alfred,
Mon pauvre Henri, mon Fred,
Au fond de l’eau, y a plus rien qui bouge.
Mon pauvre Henri, mon vieil Alfred,
Mon pauvre Henri, mon Fred,
Où sont les secrets de la Mer Rouge ?
Où sont les secrets de la Mer Rouge ?
Mon pauvre Henri, mon vieil Alfred,
Mon pauvre Henri, mon Fred,
Où tu pêchais les perles rares,
Des ploucs installent
Leur planche à voile
Pour faire un pique-nique sous les étoiles.
Moi-même, un jour, j’ai voulu
Tout vérifier, j’ai tout vu,
J’ai tout lu,
Parcouru
L’étendue.
J’ai rien reconnu.
Mon pauvre Henri, mon vieil Alfred,
Mon pauvre Henri, mon Fred,
Où tu pêchais les perles de nacre,
Juste à la même place
Y a un palace
On t’ sert ton whisky sur de la glace.
Mon pauvre Henri, mon vieil Alfred,
Mon pauvre Henri, mon Fred,
Au fond de l’eau, y a plus rien qui bouge.
Mon pauvre Henri, mon vieil Alfred,
Mon pauvre Henri, mon Fred,
Où sont les secrets de la Mer Rouge ?
Où sont les secrets de la Mer Rouge ?
Si tu t’ retournes dans ta tombe,
T’entends la monnaie qui tombe

Suzanne

Suzanne
Graeme Allwright
Suzanne t’emmène écouter les sirènes
Elle te prend par la main
Pour passer une nuit sans fin
Tu sais qu’elle est à moitié folle
C’est pourquoi tu veux rester
Sur un plateau d’argent
Elle te sert du thé au jasmin
Et quand tu voudrais lui dire
Tu n’as pas d’amour pour elle
Elle t’appelle dans ses ondes
Et laisse la mer répondre
Que depuis toujours tu l’aimes
[Répétition] :
Tu veux rester à ses côtés
Maintenant, tu n’as plus peur
De voyager les yeux fermés
Une flamme brûle dans ton cœur
Il était un pêcheur venu sur la terre
Qui a veillé très longtemps
Du haut d’une tour solitaire
Quand il a compris que seuls
Les hommes perdus le voyaient
Il a dit qu’on voguerait
Jusqu’à ce que les vagues nous libèrent
Mais lui-même fut brisé
Bien avant que le ciel s’ouvre
Délaissé et presqu’un homme
Il a coulé sous votre sagesse
Comme une pierre
[Répétition]
Suzanne t’emmène écouter les sirènes
Elle te prend par la main
Pour passer une nuit sans fin
Comme du miel, le soleil coule
Sur Notre Dame des Pleurs
Elle te montre où chercher
Parmi les déchets et les fleurs
Dans les algues, il y a des rêves
Des enfants au petit matin
Qui se penchent vers l’amour
Ils se penchent comme ça toujours
Et Suzanne tient le miroir
Tu veux rester à ses côtés
Maintenant, tu n’as plus peur
De voyager les yeux fermés
Une blessure étrange dans ton cœur

Bleu

「分け入つても
分け入つても
青い山」

— Haïku dans la langue originale

« Profond
Plus profond encore
Dans les montagnes bleues »
— Haïku dans la traduction de Mme Corinne Atlan

La rose et le réséda

 

https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/video/afe01000681/la-rose-et-le-reseda

La rose et le réséda

à Gabriel Péri et d’Estienne d’Orves
comme à Guy Môquet et Gilbert Dru

Celui qui croyait au ciel
Celui qui n’y croyait pas
Tous deux adoraient la belle
Prisonnière des soldats
Lequel montait à l’échelle
Et lequel guettait en bas
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n’y croyait pas
Qu’importe comment s’appelle
Cette clarté sur leur pas /
Que l’un fut de la chapelle /
Et l’autre s’y dérobât /
Celui qui croyait au ciel /
Celui qui n’y croyait pas /
Tous les deux étaient fidèles /
Des lèvres du cœur des bras /
Et tous les deux disaient qu’elle /
Vive et qui vivra verra /
Celui qui croyait au ciel /
Celui qui n’y croyait pas /
Quand les blés sont sous la grêle /
Fou qui fait le délicat /
Fou qui songe à ses querelles /
Au cœur du commun combat /
Celui qui croyait au ciel /
Celui qui n’y croyait pas /
Du haut de la citadelle /
La sentinelle tira /
Par deux fois et l’un chancelle /
L’autre tombe qui mourra /
Celui qui croyait au ciel /
Celui qui n’y croyait pas /
Ils sont en prison Lequel /
A le plus triste grabat /
Lequel plus que l’autre gèle /
Lequel préfère les rats /
Celui qui croyait au ciel /
Celui qui n’y croyait pas /
Un rebelle est un rebelle /
Deux sanglots font un seul glas /
Et quand vient l’aube cruelle /
Passent de vie à trépas /
Celui qui croyait au ciel /
Celui qui n’y croyait pas /
Répétant le nom de celle /
Qu’aucun des deux ne trompa /
Et leur sang rouge ruisselle /
Même couleur même éclat /
Celui qui croyait au ciel /
Celui qui n’y croyait pas /
Il coule il coule il se mêle /
À la terre qu’il aima /
Pour qu’à la saison nouvelle /
Mûrisse un raisin muscat /
Celui qui croyait au ciel /
Celui qui n’y croyait pas /
L’un court et l’autre a des ailes /
De Bretagne ou du Jura /
Et framboise ou mirabelle /
Le grillon rechantera /
Dites flûte ou violoncelle /
Le double amour qui brûla /
L’alouette et l’hirondelle /
La rose et le réséda /

Louis Aragon, Mars 1943

Melocoton

Colette Magny – Melocoton « Melocoton et Boule dOr

Deux gosses dans un jardin … Melocoton, où elle est Maman ? J’en sais rien; viens, donne-moi la main Pour aller où ? J’en sais rien, viens Papa il a une grosse voix Tu crois quon saura parler comme ça ? J’en sais rien ; viens, donne-moi la main Melocoton, Mémé elle rit souvent Tu crois quelle est toujours contente ? J’en sais rien ; viens, donne-moi la main Perrine, elle est grande, presque comme Maman Pourquoi elle joue pas avec moi ? J’en sais rien ; viens, donne-moi la main Christophe il est grand, mais pas comme Papa Pourquoi ? J’en sais rien ; viens, donne-moi la main Dis Melocoton, tu crois qu’ils nous aiment ? Ma petite Boule dOr, j’en sais rien Viens… donne-moi la main »

Poëme

Encore un peu
Et nous verrons les amandiers fleurir
Les marbres briller au soleil
La mer, les vagues qui déferlent.
Encore un peu
Élevons-nous un peu plus haut.

Georges Séféris (Smyrne, Grèce, 1900-1971) – Traduit du grec par Jacques Laccarière