Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage,
Ou comme cestuy-là qui conquit la toison,
Et puis est retourné, plein d’usage et raison,
Vivre entre ses parents le reste de son âge !
Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village
Fumer la cheminée, et en quelle saison
Reverrai-je le clos de ma pauvre maison,
Qui m’est une province, et beaucoup davantage ?
Plus me plaît le séjour qu’ont bâti mes aïeux,
Que des palais Romains le front audacieux,
Plus que le marbre dur me plaît l’ardoise fine :
Plus mon Loir gaulois, que le Tibre latin,
Plus mon petit Liré, que le mont Palatin,
Et plus que l’air marin la doulceur angevine.
Et maintenant que vais-je faire De tout ce temps que sera ma vie De tous ces gens qui m´indiffèrent Maintenant que tu es partie Toutes ces nuits, pourquoi pour qui Et ce matin qui revient pour rien Ce cœur qui bat, pour qui, pourquoi Qui bat trop fort, trop fort Et maintenant que vais-je faire Vers quel néant glissera ma vie Tu m´as laissé la terre entière Mais la terre sans toi c´est petit Vous, mes amis, soyez gentils Vous savez bien que l´on n´y peut rien Même Paris crève d´ennui Toutes ses rues me tuent Et maintenant que vais-je faire Je vais en rire pour ne plus pleurer Je vais brûler des nuits entières Au matin je te haïrai Et puis un soir dans mon miroir Je verrai bien la fin du chemin Pas une fleur et pas de pleurs Au moment de l´adieu Je n´ai vraiment plus rien à faire Je n´ai vraiment plus rien… Gilbert Bécaud
Serge Reggiani – La vie c’est comme une dent
La vie c’est comme une dent
D’abord on n’y a pas pensé
On s’est contenté de mâcher
Et puis ça se gâte soudain
Ça vous fait mal
Et on y tient
Et on la soigne
Et les soucis
Et pour qu’on soit vraiment guéri
Il faut vous l’arracher la vie
Artiste: Gérard Manset Titre: La Mer Rouge
Parole de La Mer Rouge:
Si tu t’ retournes dans ta tombe,
T’entends la monnaie qui tombe.
Mon pauvre Henri, mon vieil Alfred,
Mon pauvre Henri, mon Fred,
Où tu pêchais les perles de nacre
On trouve des vieux clopes,
Des pneus Dunlop.
Y’en a qui font la Mer Rouge en stop.
Au fond des volcans, plus de lave.
Au fond des barques, plus d’esclaves.
Où tu pêchais les perles roses
Du soir au matin, y a les jets qui s’ posent
Au milieu des massifs qu’on arrose.
Mon pauvre Henri, mon vieil Alfred,
Mon pauvre Henri, mon Fred,
Au fond de l’eau, y a plus rien qui bouge.
Mon pauvre Henri, mon vieil Alfred,
Mon pauvre Henri, mon Fred,
Où sont les secrets de la Mer Rouge ?
Où sont les secrets de la Mer Rouge ?
Mon pauvre Henri, mon vieil Alfred,
Mon pauvre Henri, mon Fred,
Où tu pêchais les perles rares,
Des ploucs installent
Leur planche à voile
Pour faire un pique-nique sous les étoiles.
Moi-même, un jour, j’ai voulu
Tout vérifier, j’ai tout vu,
J’ai tout lu,
Parcouru
L’étendue.
J’ai rien reconnu.
Mon pauvre Henri, mon vieil Alfred,
Mon pauvre Henri, mon Fred,
Où tu pêchais les perles de nacre,
Juste à la même place
Y a un palace
On t’ sert ton whisky sur de la glace.
Mon pauvre Henri, mon vieil Alfred,
Mon pauvre Henri, mon Fred,
Au fond de l’eau, y a plus rien qui bouge.
Mon pauvre Henri, mon vieil Alfred,
Mon pauvre Henri, mon Fred,
Où sont les secrets de la Mer Rouge ?
Où sont les secrets de la Mer Rouge ?
Si tu t’ retournes dans ta tombe,
T’entends la monnaie qui tombe
Suzanne Graeme Allwright
Suzanne t’emmène écouter les sirènes
Elle te prend par la main
Pour passer une nuit sans fin
Tu sais qu’elle est à moitié folle
C’est pourquoi tu veux rester
Sur un plateau d’argent
Elle te sert du thé au jasmin
Et quand tu voudrais lui dire
Tu n’as pas d’amour pour elle
Elle t’appelle dans ses ondes
Et laisse la mer répondre
Que depuis toujours tu l’aimes
[Répétition] :
Tu veux rester à ses côtés
Maintenant, tu n’as plus peur
De voyager les yeux fermés
Une flamme brûle dans ton cœur
Il était un pêcheur venu sur la terre
Qui a veillé très longtemps
Du haut d’une tour solitaire
Quand il a compris que seuls
Les hommes perdus le voyaient
Il a dit qu’on voguerait
Jusqu’à ce que les vagues nous libèrent
Mais lui-même fut brisé
Bien avant que le ciel s’ouvre
Délaissé et presqu’un homme
Il a coulé sous votre sagesse
Comme une pierre
[Répétition]
Suzanne t’emmène écouter les sirènes
Elle te prend par la main
Pour passer une nuit sans fin
Comme du miel, le soleil coule
Sur Notre Dame des Pleurs
Elle te montre où chercher
Parmi les déchets et les fleurs
Dans les algues, il y a des rêves
Des enfants au petit matin
Qui se penchent vers l’amour
Ils se penchent comme ça toujours
Et Suzanne tient le miroir
Tu veux rester à ses côtés
Maintenant, tu n’as plus peur
De voyager les yeux fermés
Une blessure étrange dans ton cœur
à Gabriel Péri et d’Estienne d’Orves comme à Guy Môquet et Gilbert Dru
Celui qui croyait au ciel Celui qui n’y croyait pas Tous deux adoraient la belle Prisonnière des soldats Lequel montait à l’échelle Et lequel guettait en bas Celui qui croyait au ciel Celui qui n’y croyait pas Qu’importe comment s’appelle Cette clarté sur leur pas / Que l’un fut de la chapelle / Et l’autre s’y dérobât / Celui qui croyait au ciel / Celui qui n’y croyait pas / Tous les deux étaient fidèles / Des lèvres du cœur des bras / Et tous les deux disaient qu’elle / Vive et qui vivra verra / Celui qui croyait au ciel / Celui qui n’y croyait pas / Quand les blés sont sous la grêle / Fou qui fait le délicat / Fou qui songe à ses querelles / Au cœur du commun combat / Celui qui croyait au ciel / Celui qui n’y croyait pas / Du haut de la citadelle / La sentinelle tira / Par deux fois et l’un chancelle / L’autre tombe qui mourra / Celui qui croyait au ciel / Celui qui n’y croyait pas / Ils sont en prison Lequel / A le plus triste grabat / Lequel plus que l’autre gèle / Lequel préfère les rats / Celui qui croyait au ciel / Celui qui n’y croyait pas / Un rebelle est un rebelle / Deux sanglots font un seul glas / Et quand vient l’aube cruelle / Passent de vie à trépas / Celui qui croyait au ciel / Celui qui n’y croyait pas / Répétant le nom de celle / Qu’aucun des deux ne trompa / Et leur sang rouge ruisselle / Même couleur même éclat / Celui qui croyait au ciel / Celui qui n’y croyait pas / Il coule il coule il se mêle / À la terre qu’il aima / Pour qu’à la saison nouvelle / Mûrisse un raisin muscat / Celui qui croyait au ciel / Celui qui n’y croyait pas / L’un court et l’autre a des ailes / De Bretagne ou du Jura / Et framboise ou mirabelle / Le grillon rechantera / Dites flûte ou violoncelle / Le double amour qui brûla / L’alouette et l’hirondelle / La rose et le réséda /
Colette Magny – Melocoton « Melocoton et Boule dOr
Deux gosses dans un jardin … Melocoton, où elle est Maman ? J’en sais rien; viens, donne-moi la main Pour aller où ? J’en sais rien, viens Papa il a une grosse voix Tu crois quon saura parler comme ça ? J’en sais rien ; viens, donne-moi la main Melocoton, Mémé elle rit souvent Tu crois quelle est toujours contente ? J’en sais rien ; viens, donne-moi la main Perrine, elle est grande, presque comme Maman Pourquoi elle joue pas avec moi ? J’en sais rien ; viens, donne-moi la main Christophe il est grand, mais pas comme Papa Pourquoi ? J’en sais rien ; viens, donne-moi la main Dis Melocoton, tu crois qu’ils nous aiment ? Ma petite Boule dOr, j’en sais rien Viens… donne-moi la main »
Encore un peu
Et nous verrons les amandiers fleurir
Les marbres briller au soleil
La mer, les vagues qui déferlent.
Encore un peu
Élevons-nous un peu plus haut.
Georges Séféris (Smyrne, Grèce, 1900-1971) – Traduit du grec par Jacques Laccarière