La ballade des baladins

Les baladins qui serpentent les routes
Viennent de loin parmi les champs de blé
Les bonnes gens regardent et les écoutent
Et les étoiles leur parlent de danser
Les vieux châteaux dressés du fond du moyen âge
Semblent guider leurs pas légers comme un matin
Et parmi les donjons perchés dans les nuages
Des princesses leur font des signes avec les mains
Mais les gars de vingt ans qui ressembl’nt à des dieux
Insouciants et joyeux parmi leurs rondes folles
Passent sous les donjons sans dire une parole
Ils ne regardent pas les bras tendus vers eux
Danse donc, joli baladin
C’est la ballade, c’est la ballade
Danse donc, joli baladin
C’est la ballade d’Arlequin
Les baladins qui serpentent les routes
Qui sont-ils donc dans leur costume d’or ?
Des vagabonds ou des dieux en déroute ?
Ils n’ont que des chansons pour seul trésor
Quand ils n’auront plus soif, ayant bu à la brume
Ils danseront pieds nus sur des fils argentés
Que cinq mille araignées tisseront sous la lune
D’une branche de houx jusqu’aux sapins gelés
Ils sont accompagnés dans la ronde divine
Par les enfants des rois aux longs cheveux bouclés
C’est un cortège bleu de mille mandolines
Où flottent un peu partout des voiles de mariée
Danse donc, joli baladin
C’est la ballade, c’est la ballade
Danse donc, joli baladin
C’est la ballade de l’Arlequin
C’est ainsi que l’on vit le plus grand mariage
De la fille du vent avec un arlequin
Mais tout cela n’était qu’un fragile mirage
Et je reste tout seul avec mes lendemains
Ohé les baladins
Vous partez ?…
Emmenez-moi.

Les eaux de mars

Les eaux de mars
Georges Moustaki
Un pas, une pierre, un chemin qui chemine
Un reste de racine, c’est un peu solitaire
C’est un éclat de verre, c’est la vie, le soleil
C’est la mort, le sommeil, c’est un piège entrouvert
Un arbre millénaire, un nœud dans le bois
C’est un chien qui aboie, c’est un oiseau dans l’air
C’est un tronc qui pourrit, c’est la neige qui fond
Le mystère profond, la promesse de vie
C’est le souffle du vent au sommet des collines
C’est une vieille ruine, le vide, le néant
C’est la pie qui jacasse, c’est l’averse qui verse
Des torrents d’allégresse, ce sont les eaux de Mars
C’est le pied qui avance à pas sûr, à pas lent
C’est la main qui se tend, c’est la pierre qu’on lance
C’est un trou dans la terre, un chemin qui chemine
Un reste de racine, c’est un peu solitaire
C’est un oiseau dans l’air, un oiseau qui se pose
Le jardin qu’on arrose, une source d’eau claire
Une écharde, un clou, c’est la fièvre qui monte
C’est un compte à bon compte, c’est un peu rien du tout
Un poisson, un geste, c’est comme du vif argent
C’est tout ce qu’on attend, c’est tout ce qui nous reste
C’est du bois, c’est un jour le bout du quai
Un alcool trafiqué, le chemin le plus court
C’est le cri d’un hibou, un corps ensommeillé
La voiture rouillée, c’est la boue, c’est la boue
Un pas, un pont, un crapaud qui croasse
C’est un chaland qui passe, c’est un bel horizon
C’est la saison des pluies, c’est la fonte des glaces
Ce sont les eaux de Mars, la promesse de vie
Une pierre, un bâton, c’est Joseph et c’est Jacques
Un serpent qui attaque, une entaille au talon
Un pas, une pierre, un chemin qui chemine
Un reste de racine, c’est un peu solitaire
C’est l’hiver qui s’efface, la fin d’une saison
C’est la neige qui fond, ce sont les eaux de Mars
La promesse de vie, le mystère profond
Ce sont les eaux de Mars dans ton cœur tout au fond
Un pas, une  » … pedra é o fim do caminho
E um resto de toco, é um pouco sozinho …  »
Un pas, une pierre, un chemin qui chemine
Un reste de racine, c’est un peu solitaire…

L’eau vive

Pour rester dans l’inspiration « Giono », une chanson que Guy Béart
L’eau vive
Guy Béart
Ma petite est comme l’eau, elle est comme l’eau vive
Elle court comme un ruisseau, que les enfants poursuivent
Courez, courez vite si vous le pouvez
Jamais, jamais vous ne la rattraperez
Lorsque chantent les pipeaux, lorsque danse l’eau vive
Elle mene les troupeaux, au pays des olives
Venez, venez, mes chevreaux, mes agnelets
Dans le laurier, le thym et le serpolet
Un jour que, sous les roseaux, sommeillait mon eau vive
Vinrent les gars du hameau pour l’emmener captive
Fermez, fermez votre cage à double cle
Entre vos doigts, l’eau vive s’envolera
Comme les petits bateaux, emportes par l’eau vive
Dans ses yeux les jouvenceaux voguent à la derive
Voguez, voguez demain vous accosterez
L’eau vive n’est pas encore à marier
Pourtant un matin nouveau à l’aube, mon eau vive
Viendra battre son trousseau, aux cailloux de la rive
Pleurez, pleurez, si je demeure esseulé
Le ruisselet, au large, s’en est alle.

La mémoire et la mer

La mémoire et la mer
Léo Ferré
La marée, je l’ai dans le coeœur
Qui me remonte comme un signe
Je meurs de ma petite soeœur, de mon enfance et de mon cygne
Un bateau, ça dépend comment
On l’arrime au port de justesse
Il pleure de mon firmament
Des années lumières et j’en laisse
Je suis le fantôme jersey
Celui qui vient les soirs de frime
Te lancer la brume en baiser
Et te ramasser dans ses rimes
Comme le trémail de juillet
Où luisait le loup solitaire
Celui que je voyais briller
Aux doigts de sable de la terre
Rappelle-toi ce chien de mer
Que nous libérions sur parole
Et qui gueule dans le désert
Des goémons de nécropole
Je suis sûr que la vie est là
Avec ses poumons de flanelle
Quand il pleure de ces temps-là
Le froid tout gris qui nous appelle
Je me souviens des soirs là-bas
Et des sprints gagnés sur l’écume
Cette bave des chevaux ras
Au ras des rocs qui se consument
Ô l’ange des plaisirs perdus
Ô rumeurs d’une autre habitude
Mes désirs dès lors ne sont plus
Qu’un chagrin de ma solitude
Et le diable des soirs conquis
Avec ses pâleurs de rescousse
Et le squale des paradis
Dans le matin mouillé de mousse
Reviens fille verte des fjords
Reviens violon des violonades
Dans le port fanfare les cors
Pour le retour des camarades
Ô parfum rare des salants
Dans le poivre feu des gerçures
Quand j’allais, géométrisant,
Mon âme au creux de ta blessure
Dans le désordre de ton cul
Poissé dans des draps d’aube fine
Je voyais un vitrail de plus,
Et toi fille verte, mon spleen
Les coquillages figurant
Sous les sunlights cassés liquides
Jouent de la castagnette tant
Qu’on dirait l’Espagne livide
Dieux de granit, ayez pitié
De leur vocation de parure
Quand le couteau vient s’immiscer
Dans leur castagnette figure
Et je voyais ce qu’on pressent
Quand on pressent l’entrevoyure
Entre les persiennes du sang
Et que les globules figurent
Une mathématique bleue,
Sur cette mer jamais étale
D’où me remonte peu à peu
Cette mémoire des étoiles
Cette rumeur qui vient de là
Sous l’arc copain où je m’aveugle
Ces mains qui me font du fla-fla
Ces mains ruminantes qui meuglent
Cette rumeur me suit longtemps
Comme un mendiant sous l’anathème
Comme l’ombre qui perd son temps
À dessiner mon théorème
Et sous mon maquillage roux
S’en vient battre comme une porte
Cette rumeur qui va debout
Dans la rue, aux musiques mortes
C’est fini, la mer, c’est fini
Sur la plage, le sable bêle
Comme des moutons d’infini…
Quand la mer bergère m’appelle

Fils de Gérakina

Je n’ai pas trouvé de traduction de cette chanson de Vassilis Tsitsanis. Pour avoir une très mauvaise traduction qui donne tout de même l’essence du texte, Vous pouvez copier coller les paroles ci-dessous dans le traducteur de google. 

Της γερακίνας γιος

Γλυκερία

 

Ουτε στρώμα να πλαγιάσω
ούτε φώς για να διαβάσω
το γλυκό σου γράμμα ωχ μανούλα μου
Καλοκαίρι κι είναι κρύο
ένα μέτρο επί δύο
είναι το κελί μου ωχ μανούλα
Μα εγώ δεν ζώ γονατιστός
είμαι τις γερακίνας γιός
είμαι τις γερακίνας γιός
Τι κι αν μ’ανοιγουνε πληγές
εγώ αντέχω τις φωτιές
εγώ αντέχω τις φωτιές
Μάνα μη λυπάσαι μάνα μη με κλαίς
Ένα ρούχο ματωμένο
στρώνω για να ξαποσταίνω
στο υγρο τσιμέντο ωχ μανούλα μου
Στο κελί το διπλανό μου
φεραν κι άλλον αδερφό μου
πόσα θα τραβήξει ωχ μανούλα μου
Μα εγώ δεν ζώ γονατιστός
είμαι τις γερακίνας γιός
είμαι τις γερακίνας γιός
Τι κι αν μ’ανοιγουνε πληγές
εγώ αντέχω τις φωτιές
εγώ αντέχω τις φωτιές
Μάνα μη λυπάσαι μάνα μη με κλαίς

s

Marie-Jeanne Gabrielle

Marie-Jeanne-Gabrielle
Entre la mer et le ciel
Battu par tous les vents
Au raz de l’océan
Ton pays
S’est endormi
Sur de belles légendes
Illuminant son histoire
Gravées dans la mémoire
Des femmes qui attendent
Les marins
D’île de Sein
Raconte-nous l’enfant que tu étais
Courant du sable fin aux galets
Parle-nous de ces jeunes gens
Sautant les feux de la Saint-Jean
On pouvait croire au paradis
En ce pays
Chante-nous si tu t’en souviens
Pour passer le Raz de Sein
Le Cantique à Sainte-Marie
Qu´on ne chante qu´ici!
Marie-Jeanne-Gabrielle
Entre la mer et le ciel
Battu par tous les vents
Au raz de l´océan
Ton pays
S’est endormi
Sur de belles légendes
Illuminant son histoire
Gravées dans la mémoire
Des femmes qui attendent
Les marins
D’île de Sein
La peine et l´ennui, de l´automne à l’été
On ne vit qu´au rythme des marées
De la naissance au grand Sommeil
Règne le flambeau de la Vieille
On mêle la cannelle
Au parfum des chandelles
On dira pour embarrasser
La mort : « Joie aux Trépassés »
Car sur cette terre fidèle
Les âmes vont au ciel
Marie-Jeanne-Gabrielle
Entre la mer et le ciel
Battu par tous les vents
Au raz de l´océan
Ton pays
S´est endormi
Sur de belles légendes
Illuminant son histoire
Gravées dans la mémoire
Des femmes qui attendent
Les marins
D´île de Sein
Quand le jour s´achève au-dessus de la Grève
Sur la pierre écorchée de l´île
On croit voir au fond de la brume
Comme des feux qu´on allume
Ou la barque ensorcellée
Qui apparaît
Menaçante, elle vient jeter
La peur sur les naufragés
Et le noir habille la vie
Des femmes du pays
Marie-Jeanne-Gabrielle
Entre la mer et le ciel
Battu par tous les vents
Au raz de l´océan
Ton pays
S´est endormi
Sur de belles légendes
Illuminant son histoire
Gravées dans la mémoire
Des femmes qui attendent
Les marins
D´île de Sein
La vie a changé sur le court chemin
Du Néroth à Saint-Corentin
On ne reste plus très longtemps
Isolés du continent
Même les Anciens ne reviennent
Qu´au printemps
Et la mer a tourné le dos
Aux pêcheurs des temps nouveaux
Elle entraînera les marins
Loin de l´île de Sein
Marie-Jeanne-Gabrielle
Entre la mer et le ciel
Battu par tous les vents
Au raz de l´océan
Ton pays
S´est endormi
Il garde son histoire
Au plus profond des mémoires
Et l´on dit à Paris
Qu´il est beau le pays
Des marins
D´île de Sein
Louis Capart