Il y’a ceux dont on sait les histoires
Ceux qui transmettent ou ceux qui taisent
There’re ones we loved and those we’ll never know
I wonder what they’ve been through
Their dream came true
D’une voix je garde le souvenir
Deep inside I feel the memory
Alors je tends les mains
Et j’adresse ces mots
À tous ceux qui m’ont faite, que je porte sous ma peau
Que nos voix les réveillent et que nos coeurs les reflètent
Puisqu’ils nous guident et nous guettent
De là haut, de là haut
Il y’a ceux dont on sait les batailles
Marcher dans leurs pas, leurs noms et leurs failles
Porter bien plus que ce qu’on laisse paraître
De la richesse, de nos dires ou de gestes
Let us know what you’ve seen
Hold us when we need you
We’ll cherish today
Yeah we owe it to you
Dans mon coeur, je garde le souvenir
Deep inside I feel the memory
Alors je tends les mains
Et j’adresse ces mots
À tous ceux qui m’ont faite, que je porte sous ma peau
Que nos voix les réveillent et que nos coeurs les reflètent
Puisqu’ils nous guident et nous guettent
De là haut
Alors je tends les mains
Oui j’accueille ce cadeau
D’être là d’être le porteur de votre écho
Que nos voix vous réveillent et que nos coeurs vous reflètent
Vous qui nous guident et nous guettent
De là haut, de là haut
Même quand je sais peu de vous
Je vous sens là en moi
I don’t know much about you
But I know that it’s true
Que nos voix les réveillent et que nos coeurs les reflètent
Puisqu’ils nous guident et nous guettent
De là haut, de là haut
De là haut, de là haut
De là haut, de là haut
Swing du Cat – Marianne Feder
Pierre Reverdy – Le Monde devant moi
Quelque temps passé
La nuit claire
Un nouveau soleil s’est levé
Le lendemain
Un vieillard à genoux tendait les mains
Les animaux couraient tout le long du chemin
Je me suis assis
J’ai rêvé
Une fenêtre s’ouvre sur ma tête
Il n’y a personne dedans
Un homme passe derrière la haie
La campagne où chante un seul oiseau
Quelqu’un a peur
Et l’on s’amuse
Là-bas entre deux petits enfants
La joie
Toi contre moi
La pluie efface les larmes
On ne peut pas marcher dans le sentier étroit
On rentre du même côté
Mais il y a une barrière
Quelque chose vient de tomber
Là-bas derrière
Une ombre plus grande que lui-même
fait le tour de la terre
Et moi je suis resté assis sans oser regarder
Guillaume Apollinaire – Vitam impendere amori.
L ’amour est mort entre tes bras
Te souviens-tu de sa rencontre
Il est mort, tu la referas
Il s’en revient à ta rencontre
Encore un printemps de passé
Je songe à ce qu’il eut de tendre
Adieu saison qui finissez
Vous nous reviendrez aussi tendre
Dans le crépuscule fané
Dans le crépuscule fané
Où plusieurs amours se bousculent
Ton souvenir gît enchaîné
Loin de nos ombres qui reculent
Ô mains qu’enchaîne la mémoire
Et brûlantes comme un bûcher
Où le dernier des phénix noire
Perfection vient se jucher
La chaîne s’use maille à maille
Ton souvenir riant de nous
S’enfuit l’entends-tu qui nous raille
Et je retombe à tes genoux
Tu n’as pas surpris mon secret
Tu n’as pas surpris mon secret
Déjà le cortège s’avance
Mais il nous reste le regret
De n’être pas de connivence
La rose flotte au fil de l’eau
Les masques ont passé par bandes
Il tremble en moi comme un grelot
Ce lourd secret que tu quémandes
Le soir tombe
Le soir tombe et dans le jardin
Elles racontent des histoires
À la nuit qui non sans dédain
Répand leurs chevelures noires
Petits enfants petits enfants
Vos ailes se sont envolées
Mais rose toi qui te défends
Perds tes odeurs inégalées
Car voici l’heure du larcin
De plumes de fleurs et de tresses
Cueillez le jet d’eau du bassin
Dont les roses sont les maîtresses
Tu descendais dans l’eau
Tu descendais dans l’eau si claire
Je me noyais dans ton regard
Le soldat passe elle se penche
Se détourne et casse une branche
Tu flottes sur l’onde nocturne
La flamme est mon cœur renversé
Couleur de l’écaille du peigne
Que reflète l’eau qui te baigne
Ô ma jeunesse abandonnée
Ô ma jeunesse abandonnée
Comme une guirlande fanée
Voici que s’en vient la saison
Et des dédains et du soupçon
Le paysage est fait de toiles
Il coule un faux fleuve de sang
Et sous l’arbre fleuri d’étoiles
Un clown est l’unique passant
Un froid rayon poudroie et joue
Sur les décors et sur ta joue
Un coup de revolver un cri
Dans l’ombre un portrait a souri
La vitre du cadre est brisée
Un air qu’on ne peut définir
Hésite entre son et pensée
Entre avenir et souvenir
Ô ma jeunesse abandonnée
Comme une guirlande fanée
Voici que s’en vient la saison
Des regrets et de la raison
Guillaume Apollinaire.
Vitam impendere amori.
4 façons de vivre ensemble – André Comte-Sponville
Rainer Maria Rilke – Tu vois, je veux beaucoup…
Tu vois, je veux beaucoup.
Je veux peut-être tout :
l’obscurité dans l’infini de chaque chute,
le jeu tremblant de lumière de chaque ascension.
Il y en a tant qui vivent et ne veulent rien
et que les plats sentiments de leur facile tribunal
font rois.
Mais toi, tu te réjouis de tout visage
qui sert et qui a soif.
Tu te réjouis de tous ceux qui ont besoin de toi
comme d’un ustensile.
Tu n’es pas encore froid, il n’est pas trop tard
pour plonger dans tes infinies profondeurs
où la vie paisible se révèle.
Rainer Maria Rilke (1875-1926) – Le Livre de la vie monastique (Arfuyen, 2019) – Traduit de l’allemand par Gérard Pfister.
Ana Vidovic – Live Concert – Lambrecht – Guitare classique
Ma bohème – Arthur Rimbaud
Ma bohème
Arthur Rimbaud
Je m’en allais, les poings dans mes poches crevées ;
Mon paletot soudain devenait idéal ;
J’allais sous le ciel, Muse, et j’étais ton féal ;
Oh ! là là ! que d’amours splendides j’ai rêvées !
Mon unique culotte avait un large trou.
Petit-Poucet rêveur, j’égrenais dans ma course
Des rimes. Mon auberge était à la Grande-Ourse.
Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou
Et je les écoutais, assis au bord des routes,
Ces bons soirs de septembre où je sentais des gouttes
De rosée à mon front, comme un vin de vigueur ;
Où, rimant au milieu des ombres fantastiques,
Comme des lyres, je tirais les élastiques
De mes souliers blessés, un pied près de mon cœur !
Rimbaud, Arthur, « Ma bohème », Œuvres, Paris, Garnier, 1960.
Giuseppe Ungaretti – Au repos
Le soleil s’essaime en diamants
de gouttes d’eau
sur l’herbe souple
Je reste docile
à l’inclination
de l’univers serein
Les montagnes se dilatent
en gorgées d’ombre lilas
et vaguent avec le ciel
Là-haut à la voûte légère
l’enchantement s’est brisé
Et je tombe en moi
Et je m’enténèbre dans mon coin
Versa, 27 avril 1916
Giuseppe Ungaretti (1888-1970) – Sentimento del tempo (1933) – Vie d’un homme. Poésie, 1914-1970 (Poésie/Gallimard, 1981) – Traduit de l’italien par Jean Lescure.
Antoine Emaz – Tristesse sans cause…
tristesse sans cause
venue comme du bleu du mot trop court
pour trop de ciel
pas sûr que ce soit si simple
cela n’explique pas
cet abattis de fatigue
pas seulement le bleu
ce qui a lieu dessous
aussi
Antoine Emaz (1955-2019) – Bleu très bleu (Propos 2, 2006)